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Interview

Raymond Depardon: «Françoise Claustre ne s’est jamais remise de cette captivité»

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Le photographe, avait réalisé une interview de l’otage à l’époque du drame et un film inspiré de son histoire.
publié le 6 septembre 2006 à 23h11

Le photographe Raymond Depardon a joué un rôle clé pour faire connaître le sort de Françoise Claustre et contribuer ainsi à la faire libérer. Une épopée qui lui a inspiré son film, la Captive du désert, tourné en 1989.

Quelle est la première image qui vous vient à l’esprit en repensant à Françoise Claustre ?

C'est paradoxalement un souvenir positif, celui d'une palmeraie magnifique, avec des sources d'eau chaude à 2 000 mètres d'altitude, où cette femme me parlait de la vie des familles touboues. Elle me disait que si elle n'était pas otage, elle serait la femme la plus heureuse du monde. Mais elle disait aussi que chaque jour à 4 heures du matin, elle se réveillait dans l'angoisse, en se demandant si on allait venir l'exécuter. Elle avait compris, et moi aussi, qu'Hissène Habré en était capable ; pas Goukouni Oueddeï. A la fin, je lui avais conseillé d'écrire ce qu'elle avait vécu. Mais quand elle a été libérée, on lui a fait promettre de se taire. Il faut dire que la plupart des négociateurs français se sont mal comportés. Pas Stéphane Hessel, qui a été très bien, mais l'ambassadeur de France à N'Djamena à l'époque est à l'origine des rumeurs de liaison entre Hissène Habré et elle. Etant l'un des seuls à les avoir vus ensemble, je sais que c'était impensable.

Les prises d’otages n’étaient pas aussi médiatisées à l’époque : pourquoi vous y êtes-vous intéressé ?

En 1970, j'étais allé au Tchad et j'avais brièvement été en contact avec la rébellion. En 1974, j