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Libération
Interview

«La démocratie n'est pas consolidée»

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Jean-François Prud'homme, politologue, analyse la transition au Mexique :
publié le 7 septembre 2006 à 23h12
(mis à jour le 7 septembre 2006 à 23h12)

Jean-François Prud'homme, spécialiste canado-mexicain en sciences politiques, est coordinateur général du Collège de Mexico.

Quand peut-on dater le début de la transition démocratique au Mexique ?

Elle a débuté en 1988. En 1986, il y a une scission au sein du PRI (Parti révolutionnaire institutionnel) au pouvoir depuis 1928, certains membres cherchant alors à promouvoir la candidature de Cuauhtémoc Cárdenas. Derrière celui-ci, ils s'opposent au virage libéral des autres pays d'Amérique latine (personnifié au Mexique par Carlos Salinas) et demandent la démocratisation du processus de sélection du candidat à la présidence. Les conditions peu transparentes dans lesquelles Salinas remporte les élections de 1988 contre Cárdenas ­ passé au Parti démocratique révolutionnaire (PRD) ­ déclenche une mobilisation massive : pour la première fois, tous les partis se liguent contre le PRI, et un cycle de réformes électorales s'enclenche. Ces réformes changent fondamentalement les règles du jeu et transforment un système électoral très fermé en un système transparent qui permet enfin aux partis d'opposition d'être en compétition avec le PRI sur une base équitable : financement, organisation de l'élection, participation... La particularité de la transition politique au Mexique est qu'elle passe par le changement de règles du jeu électoral, à la différence des autres pays d'Amérique latine où l'on est passé d'un gouvernement militaire à un gouvernement civil.

Ce système