Tyr envoyé spécial
S'il y a bien un bâtiment à Tyr sur lequel on est sûr de ne pas trouver de poster à la gloire du Hezbollah, c'est... le siège du mufti chiite de la ville principale du sud du Liban. Ali al-Amin reçoit sans discontinuer dans son grand salon. Détesté ou applaudi, il est devenu une vedette depuis les interventions télévisées dans lesquelles il a critiqué le Hezbollah sans ménagement. Qui a dit que les chiites du Liban, et surtout leurs religieux, n'étaient pas traversés par des débats ? Face au triomphalisme du Hezbollah et à sa popularité au zénith chez les chiites, Ali al-Amin fait entendre une voix discordante.
Le «Parti de Dieu», qui a infligé des pertes sans précédent à Israël en trente-quatre jours de combats, passe son temps à organiser des tables rondes sur sa chaîne de télé, Al-Manar. L'autoroute Beyrouth-Saïda est jalonnée tous les kilomètres d'affiches vantant la résistance des Libanais et du Hezbollah, et jouant sur le nom de son chef, Hassan Nasrallah (qui signifie «victoire de Dieu» en arabe). Ali al-Amin porte lui aussi le turban noir des descendants du Prophète, mais il ne voit aucune victoire dans cette guerre : «Celui qui a le plus souffert et le plus perdu dans cette guerre, c'est le Liban.» Non seulement le Hezbollah n'a pas gagné la guerre, mais il a eu tort de la déclencher, assène-t-il : «Il a violé les résolutions internationales et la ligne bleue [la frontière avec Israël]. Cette opération d'enlèvement des deux soldats<