Depuis cinq ans, qu'est-ce qui a changé dans le monde ? Libération a posé la question, d'Islamabad à New York, à des personnalités d'horizons divers. Un échantillon, bien sûr non exhaustif, de points de vue sur l'après-11 Septembre.
Steven Mortillo
Vétéran américain d'Irak
«On nous a menti»
«En 1993, ma grand-mère a été légèrement blessée lors du premier attentat au World Trade Center. Le 11 septembre 2001, beaucoup de ses collègues ont péri. Je me suis senti touché directement par ces événements. Pour cette raison, à 20 ans, je me suis engagé dans une unité de combat de l'armée. La guerre d'Irak a commencé pendant ma formation. Je ne comprenais pas ce qui se passait, car on n'avait pas accès aux nouvelles. En février 2004, j'ai été envoyé en Irak, et j'y ai perdu pas mal d'amis. J'y suis allé pour défendre mon pays. Mais, sur place, je me suis rendu compte que ce n'était pas ce que je faisais, et je me suis senti très mal dans ma peau. Le sacrifice que j'ai accompli par patriotisme a été exploité, car on nous a menti. Tout ça était une histoire de fric. Des gens sur ma base militaire qui travaillaient pour les contractants du gouvernement comme KBR, Halliburton, gagnaient des centaines de milliers de dollars. Et les gens de la Maison Blanche ont des actions de ces sociétés ! Le 11 Septembre a été utilisé par ces gens-là pour transformer la guerre-agression dont j'étais l'instrument.»
John Sifton