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Libération

Oriana Fallaci est morte

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La journaliste italienne, résistante et antifaciste, auteure d'un brûlot anti-musulman, avait 77 ans.
par Stéphane GARIN
publié le 15 septembre 2006 à 7h00

Antifasciste et résistante dès l'âge de 14 ans, Oriana Fallaci, décédée à Florence à l'âge de 77 ans dans la nuit de jeudi à vendredi, fut pendant les années 60-80 la plus renommée des reporters de guerres italiens, couvrant le Vietnam et le Proche-Orient et se taillant une solide réputation pour ses interviews sans complaisance des grands leaders de l'époque, de Golda Meir à Khomeiny, Arafat ou Sharon. Kissinger avait même écrit que son interview avec elle avait été «la plus désastreuse conversation que je n'ai jamais eue avec un membre de la presse», Oriana Fallaci l'avait poussé à reconnaître que «la guerre au Vietnam n'était pas nécessaire».

Recluse à Manhattan pour achever un dernier roman, elle gardait le silence depuis une dizaine d'année lorsque se produisirent les attentats du World Trade Center . «Choquée, indignée, atterrée», elle jeta sur le papier des notes «convulsives et désordonnées» qui devinrent d'abord un article pour le Corriere della Sera. Publié deux mois plus tard en version développée, le livre «La rage et l'orgueil» se voulait «un sermon adressé aux Italiens et aux Européens» en s'élevant contre les «fils d'Allah» qui «se multiplient comme des rats». Elle parlait de «horde» et de «miasmes nauséabonds». Ce texte, dénoncé comme un brûlot anti-musulman, avait déclenché passions et polémiques et lui a valu des poursuites judiciaires. Lors d'une demande de référé pour l'interdiction de son livre en France, l'avocat du Mrap, soulignai