Décédé à l'hôpital hier matin des suites de ses blessures, Andreï Kozlov, le numéro 2 de la Banque centrale de Russie, est tombé dans un traquenard : alors qu'il sortait, mercredi vers 20 h 30, du club de football du Spartak, à Moscou, où il venait de disputer un match amateur entre employés de la banque, il a été atteint de plusieurs balles à la tête et à la poitrine, tirées par deux hommes qui ont également abattu son chauffeur et son garde du corps.
Andreï Kozlov, la plus haute personnalité assassinée à Moscou depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000, s'était fait beaucoup d'ennemis en se lançant dans un grand ménage du système bancaire russe. Selon Natalia Orlova, analyste chez Alfa Bank, cet homme de 41 ans, très apprécié des banquiers occidentaux, «était un avocat acharné de la lutte contre le blanchiment d'argent [...] et l'un des concepteurs de la réforme du secteur bancaire». Depuis le début de l'année, il avait ainsi retiré leur licence à 44 banques sur les quelque 1 200 que compte le pays, la plupart pour des activités illégales.
«Déshonneur». Pas plus tard que la semaine dernière, lors d'un colloque, il s'était déclaré en faveur de l'interdiction à vie d'exercer pour les banquiers coupables de blanchiment d'argent sale : cette pratique «déshonore tout le système», avait estimé Andreï Kozlov, qui, en 2004, avait déjà secoué le secteur en faisant fermer la Sodbiznesbank, une petite officine accusée d'être mêlée au «business» des prises d'