Washington de notre correspondant
La torture au sens large du mot, est-elle justifiable dans un pays démocratique ? La question est en train d'être vivement débattue au Congrès américain. Le Sénat et la Chambre des représentants devraient se prononcer par vote, la semaine prochaine, sur un texte de loi proposé par l'administration Bush, qui définit de manière étroite l'article 3 des conventions de Genève de 1949. L'article interdit «la torture, les traitements cruels, les outrages à la dignité personnelle, en particulier les traitements humiliants et dégradants». La Maison Blanche dit vouloir «clarifier» l'article qui serait «trop vague», et propose un texte dont les détails sont fluctuants.
Rétroactif. L'adoption du projet de loi de George W. Bush aurait en tout cas pour effet de permettre aux agents de la CIA de continuer d'infliger de mauvais traitements aux suspects terroristes dans des prisons secrètes auxquelles le Comité international de la Croix-rouge n'aurait pas accès. Il protégerait rétroactivement la CIA contre d'éventuelles poursuites en amendant la législation américaine contre les crimes de guerre, qui actuellement criminalise spécifiquement toute infraction aux conventions de Genève. «Des suspects pourraient être condamnés à mort sur la base de preuves non divulguées à l'accusé, certaines peut-être obtenues au cours d'interrogatoires abusifs», protestait, vendredi, un éditorial du New York Times intitulé «Un moment décisif