Aïn Ebel, Khiam, Cana envoyé spécial
La messe du dimanche s'achève à Aïn Ebel. Les femmes sont à l'office, les hommes prennent le frais sur l'esplanade, décorée d'une reproduction de la grotte de Lourdes. Dans la salle attenante à l'église, une petite foule se presse en désordre autour d'une table. Un homme à casquette orange coche des noms, un second à casquette jaune compte des dollars et paye, contre signature. La casquette orange appartient à Maroun Atme, le représentant local du Courant patriotique libre (CPL), du général chrétien Michel Aoun. La casquette jaune est celle de «Hassan», de son vrai nom Rabie Fawaz, responsable financier de Jihad al-Bina, l'association du Hezbollah chargée de l'indemnisation et de la reconstruction des logements détruits par Israël.
Rabie Fawaz vient de Bint Jbeil, à 10 minutes de route, et c'est probablement la première fois qu'un membre du Hezbollah est en visite quasi officielle à Aïn Ebel. Le village chrétien d'Aïn Ebel, assez peu touché par rapport à Bint Jbeil la chiite. Tout de même, les toits des deux églises ont été troués par des obus et une dizaine de maisons entièrement détruites. 50 habitations ont subi de gros dégâts, 150 autres ont été légèrement abîmées. Georges Becharra, un habitant, recompte sa liasse : 3 000 dollars. «C'est honnête. J'ai perdu un bout de toiture et du carrelage.» Les dégâts ont été évalués par des ingénieurs du parti aouniste, et les fonds sont versés par le Hezbollah.
Drôle d'alliance entre Aoun, l'