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Libération

Les ouvriers roumains déjà européens

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publié le 27 septembre 2006 à 23h27

Bucarest de notre correspondant

«Angajam» («on embauche») : le panneau est affiché sur les vitrines des boutiques, des restaurants ou des grands magasins. On en trouve des centaines, ces mois-ci dans Bucarest, une ville qui tourne à plein régime et où l'offre de travail dépasse la demande dans certains domaines d'activité. Mihai Panzaru, patron d'une petite boulangerie dans un quartier chic de la capitale, hausse les épaules : «Je ne sais plus quoi faire, mes employés me quittent les uns après les autres. Soit ils vont dans les boulangeries des grandes surfaces qui ouvrent ici, soit ils partent à l'étranger. J'ai augmenté leur salaire à 500 euros par mois [le double du salaire moyen officiel, ndlr] mais j'ai du mal à recruter.» Le problème de Mihai est celui de milliers de petits patrons roumains.

Cueilleurs de fraises. Après que l'Europe a supprimé les visas d'entrée pour les Roumains, en 2002, ceux-ci ont commencé à émigrer en masse, parfois au noir. Entre 1,5 et 2 millions de Roumains seraient aujourd'hui en Italie, en Espagne, en Allemagne ou en Irlande. On les appelle les capsunari (cueilleurs de fraises), surnom donné aux premiers d'entre eux partis récolter des fruits en Espagne. Ils font rentrer des devises au pays : entre 2 et 3 milliards d'euros par an, ce qui représente 5 % du PIB roumain.

Début 2000, l'ouverture des frontières a représenté une bouffée d'oxygène pour l'économie roumaine. A l'époque, le taux de chômage avoisinait 10 % et le