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Libération

L'angoisse d'un retour des vieux démons en Argentine

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publié le 28 septembre 2006 à 23h28

Buenos Aires de notre correspondant

Où est passé Jorge Julio López ? Le témoignage de cet ancien maçon de 77 ans, dont les proches n'ont aucune nouvelle depuis dix jours, avait été crucial dans le récent procès de Miguel Etchecolatz, ex-commissaire de police condamné à la prison à perpétuité pour «crime contre l'humanité dans le cadre du génocide commis pendant la dictature». Les autorités ont promis une récompense de 200 000 pesos (50 000 euros) pour toute information permettant de le localiser.

Les principaux quotidiens argentins et les chaînes de télévision ont offert des espaces avec des numéros de téléphone d'urgence sous la photo de cet homme aux traits tirés et aux cheveux blancs, souffrant d'un début de maladie de Parkinson. Dans un pays où le traumatisme des 30 000 disparus de la dictature militaire (1976-1983) est encore très présent, l'inquiétude des organisations des droits de l'homme grandit à mesure que le temps passe. Les conjectures sur une fugue ou un suicide cèdent désormais la place à une hypothèse beaucoup plus préoccupante : celle de représailles à l'égard d'une victime de la dictature qui a osé raconter face à son bourreau les tortures qu'il a subies.

Intimidation. Le gouverneur de la province de Buenos Aires a admis que Jorge Julio López pourrait être le «premier cas de disparition depuis le retour de la démocratie» et que «l'hypothèse d'un enlèvement dont l'objectif serait d'intimider les témoins des procès des responsables de violation