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Libération

Double peine pour les violées du Pakistan

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publié le 29 septembre 2006 à 23h29

Islamabad de notre correspondante

Dans une geôle de Karachi, Jamila, jeune femme condamnée a trois ans de prison pour adultère, se lamente devant son fils : «Chaque fois que je le regarde, je vois son père, l'homme qui m'a violée.» Au Pakistan, une femme qui dépose plainte pour viol risque la prison. Si elle ne peut présenter les quatre témoins requis par la loi actuelle, elle ne peut prouver le crime. Bien pire, elle se voit automatiquement accusée d'adultère et, comme Jamila, se retrouve en prison, car elle a elle-même confessé une relation sexuelle illicite.

Oppression. Quand, par malheur, elle est célibataire et qu'elle est tombée enceinte après le viol, cela devient une preuve irréfutable d'adultère. Il y eut le cas célèbre de Safia Bibi, aveugle, violée en 1983 et incapable de reconnaître ses agresseurs. La jeune fille, enceinte, était passible de lapidation. Mais devant le scandale et les protestations, elle avait été acquittée en appel.

Cette situation absurde est une conséquence de l'ordonnance Hudood, imposée en 1979 par le dictateur Zia ul-Haq, pour donner un vernis islamique au pays. Plus ou moins inspirée des lois coraniques, l'ordonnance (lire ci-contre) était censée régler, entre autres, les cas d'adultère et de viol. Mais le texte, mal ficelé, s'est révélé un instrument d'oppression des femmes, notamment de milieu pauvre et analphabète, qui ont vite rempli les prisons par centaines. Quant aux auteurs de viol, ils restent impunis, faute de témoins.

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