Frontière ukraino-slovaque envoyé spécial
Zigzaguant entre les champs en friche dans une petite Jeep de fabrication soviétique, des militaires ukrainiens effectuent leur ronde quotidienne en frôlant les barbelés de l'ancienne frontière de l'URSS. Les clôtures rouillées et les systèmes d'alarme inopérants témoignent des moyens vétustes de l'armée. De l'autre côté, des fonds de l'Union européenne ont permis au voisin hongrois de se doter du plus récent matériel de surveillance du territoire : jumelles infrarouges, patrouilles aériennes...
Carrefour. Lovée entre Slovaquie, Hongrie et Roumanie, la Transcarpatie, pointe occidentale de l'Ukraine, est devenue un carrefour attractif pour nombre de clandestins en route vers l'«eldorado» européen. Située à quelques kilomètres de la frontière slovaque, la vallée de Perechin est un point de passage prisé. Dans cette région agricole oubliée, les petits villages endormis succèdent aux kolkhozes abandonnés. Au café de Doubrinitchi, quelques jeunes assurent faire passer des étrangers par les chemins forestiers qu'ils connaissent. «Il n'y a rien ici, pas de boulot. Je peux travailler aux champs pour 5 dollars par jour ou faire passer un Pakistanais en Slovaquie pour 400 dollars», calcule Sacha. Dans le petit bar de Vichne Nemetske, le premier bourg slovaque de l'autre côté des montagnes, les clients confirment que les clandestins sont récupérés à la sortie de la forêt et transférés vers Bratislava «pour une centaine de dollars».
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