Brazzaville envoyée spéciale
«Nous n'avons rien contre cet homme, il a marqué notre histoire, assure Christian, chauffeur de taxi à Brazzaville. Mais tout de même, tant de milliards de CFA pour construire une tombe !» Le retour des cendres de l'explorateur Pierre Savorgnan de Brazza dans la capitale du Congo a été diversement apprécié. Plusieurs personnalités avaient fait le déplacement : François Bozizé, le président centrafricain, Omar Bongo, son homologue du Gabon, et le chef de la diplomatie française, Philippe Douste-Blazy. La population de Brazzaville, elle, a été tenue à l'écart des festivités.
Financé par le Congo, mais aussi par le Gabon (où l'explorateur d'origine italienne a créé la ville de Franceville), la France et la Centrafrique, le mémorial dans lequel repose désormais Brazza et sa famille nourrit la controverse depuis des mois. «Plus la polémique a grandi, plus le mémorial a enflé», remarque un journaliste congolais. Jusqu'à devenir une immense coupole cylindrique, tout en marbre étincelant et climatisée. A l'entrée, une statue de 8 mètres de haut de l'aventurier est érigée au centre d'une fontaine.
«Alors qu'on n'a ni eau ni électricité ici à Brazzaville, n'y avait-il pas une autre urgence ?» se demande Guy, 20 ans, chômeur «comme tout le monde», dit-il. Malgré le pétrole (le Congo est le quatrième producteur du continent), les deux tiers de la population vivent sous le seuil de pauvreté. «Nous ne sommes pas co