En représailles après la crise des espions, la Russie expulse à tour de bras des familles géorgiennes et s'en prend aux membres les plus célèbres de cette diaspora en Russie. L'écrivain Boris Akounine, d'origine géorgienne, est ainsi dans le collimateur. Son éditrice a été convoquée jeudi par le fisc pour être interrogée sur «les revenus élevés» du célèbre auteur de polars, dont le vrai nom est Grigori Tchkhartichvili. Le fisc est l'un des services les plus souvent utilisés par les autorités pour intimider les opposants. Dans une interview à notre correspondante à Moscou, l'écrivain dénonce l'hystérie antigéorgienne qui s'est emparée des autorités russes.
Pour qui bat votre coeur dans ce conflit?
Je n'ai passé qu'un mois en Géorgie après ma naissance et je n'y suis retourné qu'une fois à l'âge adulte. J'ai passé toute ma vie à Moscou, je suis russe, de culture russe. M'interroger sur la Géorgie équivaut à demander à Alexandre Dumas de commenter la politique en Haïti. Mais c'est justement en tant que russe que je veux dire aujourd'hui combien cette politique odieuse menée par Moscou m'inquiète et me stupéfie. On a sorti de la bouteille le mauvais génie de la xénophobie, qu'on ne pourra plus renfermer de sitôt. L'Etat, dont la mission est de contenir ce microbe du racisme et des conflits ethniques, est en train aujourd'hui de jeter de l'huile sur le feu. Il est ignoble de voir avec quel zèle les policiers russes profitent de ce blanc-seing pour