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Interview

«Les émigrés mexicains passeront coûte que coûte»

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Mario Nuñez, ex-consul du Mexique à Los Angeles, estime que le «mur» ne résoudra pas les problèmes
publié le 6 octobre 2006 à 23h35
(mis à jour le 6 octobre 2006 à 23h35)

«Les barrières ne sont pas des solutions aux problèmes migratoires» : Mexico a réagi durement à la confirmation du projet de «mur» à la frontière américano-mexicaine. Dans une «note diplomatique» envoyée à Washington, le ministre des Affaires étrangères, Luis Ernesto Derbez, a exprimé sa «profonde inquiétude» sur un sujet qui risque de «dégrader les relations bilatérales». L'intellectuel mexicain Mario Núñez, ex-diplomate et notamment ancien consul à Los Angeles, revient sur la polémique.

Comment réagit le Mexique ?

C'est évident pour tout le monde ici que le mur ne pourra pas empêcher l'émigration. Ce que les Américains ­ une partie des Américains, que j'estime malgré tout minoritaire ­ ne comprennent pas c'est que ce sont des flux «intelligents» : autrement dit les émigrés mexicains passeront coûte que coûte, par où ils pourront, par-dessus tous les murs que l'on pourra ériger. Ce mur est aussi imbécile que ceux qui ont voté pour sa construction. Le passage sera simplement plus difficile, ce qui va provoquer plus de morts.

Le mur va-t-il envenimer les relations économiques ?

Actuellement, les propriétaires agricoles du Texas et de Californie se plaignent : ils disent avoir perdu entre 20 et 30 % de leurs récoltes faute de travailleurs mexicains. Les Etats-Unis doivent décider : s'ils veulent continuer à les exploiter ou s'ils veulent les traiter comme des délinquants. Ça ne peut pas être les deux à la fois !