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Libération

Les seigneurs de la brique font florès en Espagne

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Malgré les inculpations pour corruption immobilière à Marbella, les constructions douteuses se multiplient dans tout le pays.
publié le 6 octobre 2006 à 23h35

Madrid de notre correspondant

Seseña la Nueva, au beau milieu du morne plateau castillan entre Madrid et Aranjuez, est une ville-champignon, une ville nouvelle en construction, encore ceinte d'une double clôture de barbelés. Des barres en brique rouge, hautes de dix étages, au milieu des grues. Hormis quelques passages de camions, il n'y a pas âme qui vive dans cette cité fantôme où tout est déjà en place : d'amples avenues bordées de réverbères, des rangées de pins et de palmiers, des squares au gazon soigné. Les 13 500 appartements (soit 40 000 habitants) seront occupés dans un an, même si personne ne sait si les services les plus élémentaires seront disponibles, à commencer par l'approvisionnement en eau. Ces trois derniers étés, sécheresse oblige, les municipalités ont plusieurs fois dû recourir à des camions-citernes.

Casseroles judiciaires. Ces dernières semaines, ce macrolotissement bâti ex nihilo est devenu l'emblème de la corruption et des infractions au code de l'urbanisme qui minent le secteur. Le parquet anticorruption, qui s'est penché sur l'affaire, n'y trouve que des éléments suspects : en avril 2003, un promoteur achète, pour une bouchée de pain, ce vaste terrain en friche, considéré comme «agricole non constructible». Deux semaines plus tard, miraculeusement et à l'unanimité du conseil municipal, le même espace est rendu constructible, et la gigantesque urbanisation est approuvée. La justice, et l'ensemble de la presse, croit d'autant plus à un