Menu
Libération

Assassinat d'Anna Politkovskaïa, principale journaliste anti-Poutine

Article réservé aux abonnés
Ses milliers d'articles et interviews dénonçaient les crimes commis en Tchétchénie, la corruption du pouvoir et les mensonges du régime • Le parquet russe a ouvert une enquête •
par Lorraine MILLOT
publié le 8 octobre 2006 à 7h00

«Les mots peuvent sauver des vies», disait la journaliste Anna Politkovskaïa dans une de ses dernières interviews à la radio russe Echo Moscou, l'un des derniers grands médias russes où une certaine liberté d'expression est possible. Pour cette conviction, et pour ses milliers d'articles et interviews où inlassablement elle dénonçait les crimes commis en Tchétchénie, la corruption du pouvoir et les mensonges du régime de Vladimir Poutine, la journaliste russe aura donné sa vie.Célèbre dans le monde entier pour ses enquêtes sur les violations des droits de l'homme en Tchétchénie, Anna Politkovskaïa a été abattue samedi soir dans l'ascenseur de son immeuble, au centre de Moscou, par un tueur qui l'attendait, alors qu'elle rentrait de faire ses courses. Le parquet russe a aussitôt reconnu que l'assassinat est de toutes évidences lié à ses «activités professionnelles» et a ouvert une enquête pour «meurtre avec préméditation». Agée de 48 ans, la journaliste était mère, divorcée, de deux enfants.

Le bi-hebdomadaire Novaïa Gazeta, pour lequel Anna Politkovskaïa travaillait depuis 1999, avancait dimanche «deux versions» principales possibles pour ce meurtre: une «vengeance de Ramzan Kadyrov», le nouvel homme fort mis en place par Moscou en Tchétchénie, dont inlassablement elle dénonçait les exactions; ou bien au contraire une machination de «ceux qui veulent qu'on soupçonne l'actuel Premier