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Libération

«Je n'ai pas eu peur de suivre les miliciens au poste, car mes papiers étaient en règle»

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publié le 12 octobre 2006 à 23h39

A Tbilissi

Medgar Djoulakidze, 31 ans, est l'un des 150 Géorgiens expulsés par avion-cargo, vendredi dernier, pour «séjour illégal», victimes de la guerre diplomatique entre la Russie et son pays. Vendeur de lunettes sur un marché de la capitale russe, il raconte :

«Je vivais depuis dix ans à Moscou. Avec ma femme, Nato, nous travaillions au marché. Elle est restée là-bas, mais je suis inquiet, car elle est en situation illégale. Elle a racheté son passeport à des policiers, qui l'ont trafiqué eux-mêmes... Elle va essayer d'aller au consulat géorgien pour être rapatriée, elle est sur le point de partir. Moi, j'étais à la maison quand les miliciens ont sonné à la porte. Je n'ai pas eu peur de les suivre au poste car mes papiers étaient en règle, j'avais un nouveau passeport et un visa d'un an. Mais une fois là-bas, personne ne m'a laissé sortir. Je suis resté quatre jours en prison, et on m'a mis dans l'avion sans me laisser prendre mes bagages ou de l'argent. J'ai aussi perdu tout mon dossier médical : les miliciens l'ont confisqué. Ils n'ont pas voulu que je prenne mes médicaments.

«A présent, je n'ai plus le droit de revenir à Moscou : comme j'ai été expulsé, je suis interdit de territoire pendant cinq ans. Mais je n'en ai pas vraiment envie non plus. Ici je me sens libre, à l'aise, je n'ai pas peur de sortir dans la rue, et qu'un milicien me demande mon passeport ­ qu'il ne me rendra que contre 100 dollars... Certains Russes venaient nous voir au marché et nous demandaient :