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Libération

De l'autre côté du fleuve, la Corée du Nord

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publié le 13 octobre 2006 à 23h40

Dandong envoyée spéciale

A quelques kilomètres du pont de l'Amitié sino-coréenne encombré de camions, l'armée chinoise patauge dans la vase. «Ils ont fait ça hier, en une journée», lance d'un ton admiratif un vieux paysan tout rabougri montrant des rangs de barbelés de plus de deux mètres de hauteur au ras du fleuve. Dandong, ville chinoise aux portes de la Corée du Nord, se protège préventivement de ses «amis». La chute du régime de Pyongyang, sérieusement envisagée par Pékin depuis le coup d'éclat nucléaire de lundi, provoquerait un exode de milliers de réfugiés faméliques au nord-est du pays ­ la hantise de la Chine, en train de négocier à l'ONU des sanctions «punitives mais appropriées», autant dire douces, contre «le Royaume ermite».

En attendant, le commerce continue à Dandong. Comme tous les jours, 300 camions attendent de passer le pont en zone de transit. Ils sont bourrés de nouilles, de farine, de biscuits et aussi de frigos et de matériel hi-fi, produits de luxe dont les Etats-Unis voudraient priver la nomenklatura nord-coréenne. Sur la route de Pyongyang, les chauffeurs chinois croiseront leurs collègues d'en face, tous habillés de la même veste sombre, un badge à l'effigie de Kim Il-sung côté coeur. Ceux-là transportent des cargaisons de métaux et de minerai brut dont la Chine, en manque de matières premières chronique, est assoiffée. Ce trafic incessant a fait la fortune de Dandong, 700 000 habitants, principale ville frontalière de Chine.

«La Chine