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Libération

La pilule des pauvres provoque la colère de l'Eglise au Chili

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Décidée par la Présidente, la gratuité de la contraception d'urgence fait scandale.
publié le 13 octobre 2006 à 23h40

Santiago de notre correspondante

Désormais distribuée gratuitement aux jeunes filles de plus de 14 ans dans tous les centres de santé publics, sans que soit requise l'autorisation des parents, la pilule du lendemain a déchaîné les passions au Chili. Lancée le 2 septembre, cette mesure a opposé pour la première fois la présidente socialiste Michelle Bachelet à l'Eglise, très influente dans ce pays parmi les plus conservateurs d'Amérique latine. Pays qui a légalisé le divorce il y a seulement deux ans, et où l'avortement reste illégal.

«Régime totalitaire». «L'Eglise catholique chilienne estime que tout ce qui touche à la sexualité et à la reproduction fait partie de sa juridiction», explique le sociologue Manuel Antonio Garreton. Au lendemain de l'annonce de la mesure, l'archevêque de Santiago, Francisco Javier Errázuriz, s'insurgeait : «C'est un coup contre le mariage, un coup contre la natalité, un coup contre la famille.» La conférence épiscopale chilienne s'est fendue d'une lettre où elle compare le gouvernement à un «régime totalitaire». Depuis le retour de la démocratie, il y a seize ans, l'Eglise n'est jamais allée aussi loin dans la critique. «Le pape Jean-Paul II avait nommé des ultraconservateurs aux plus hautes responsabilités, une hiérarchie de plus en plus en décalage avec la société, explique le journaliste Nibaldo Mosciatti, spécialiste de l'Eglise chilienne. Et le sujet est particulièrement sensible. Le Pacte d'union civile [s