Istanbul de notre correspondant
C'est un véritable lynchage médiatique qui dure depuis des jours. Ecrivain mais aussi intellectuel engagé Orhan Pamuk premier lauréat turc du Nobel de littérature est mis en cause par une bonne partie de la classe politique et de l'opinion enragée par la décision de l'Assemblée nationale française du 12 octobre de pénaliser la négation du génocide arménien. Le lauréat, comme nombre d'intellectuels libéraux de son pays a critiqué ouvertement ce texte symétrique des articles de loi turcs sanctionnant eux au contraire la reconnaissance de la réalité du génocide de 1915-1917. Mais les milieux nationalistes se déchaînent. «A-t-il eu le prix pour ses livres ou bien pour ses discours politiques ?», titrait le quotidien de centre-droit Vatan.«C'est un écrivain ordinaire», a estimé Ozdemir Ince, poète-chroniqueur du quotidien populaire Hürriyet. Ataol Behramoglu, un autre poète-chroniqueur du quotidien de gauche Cumhuriyet, se plaint «de ne pas pouvoir terminer la lecture des livres d'Orhan Pamuk» et estime que ce dernier a reçu le prix «grâce à ses déclarations prokurde et proarménienne». Les ultras nationalistes se déchaînent et Kemal Kerinçsiz, avocat d'extrême droite qui avait ouvert un procès contre Pamuk, accusé de «d'insulter la turcité» en se basant sur l'article 301 du Code pénal turc, a déclaré «qu'il portera aussi plainte contre le jury du prix Nobel».
Ce front de la grogne est enc