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Libération

On enterre bien les journalistes au Turkménistan

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Le groupe Bouygues a construit une Maison de la presse... aux ordres du dictateur local.
publié le 20 octobre 2006 à 23h46

à Moscou

Le symbole est particulièrement fort : quelques semaines à peine après la mort, dans les prisons du Turkménistan, de la journaliste Ogoulsapar Mouradova, le groupe français Bouygues vient d'inaugurer une... Maison de la presse, au service du dictateur local. Construite au centre d'Achgabat, la capitale du Turkménistan, pour 17 millions de dollars (13,5 millions d'euros), cette nouvelle maison de la presse hébergera les principaux journaux et agences de presse du Turkménistan, tous condamnés à faire la propagande des faits et oeuvres du dictateur-poète, Saparmourat Niazov.

L'une des dernières journalistes critiques du Turkménistan, la correspondante de Radio Free Europe et de Radio Liberty, Ogoulsapar Mouradova, est morte en prison début septembre, à la suite de coups et de tortures. Mais ni le sang ni l'absurdité des oeuvres du despote ne semblent dissuader le groupe français : Bouygues vient de signer cette semaine un nouveau contrat de 90 millions de dollars, prévoyant la construction d'un «Palais du conseil populaire», l'assemblée des dignitaires du régime.

Depuis 1993, Bouygues aurait déjà réalisé quelque 1,5 milliard de dollars de chiffre d'affaires avec l'Ubu des steppes, pour qui il a déjà construit palais présidentiel, mosquées et ministères. Une salutaire enquête du journaliste David Garcia (1) montre comment les ingénieurs de Bouygues satisfont toutes les lubies de Saparmourat Niazov pour continuer à bâtir leurs palais pseudo-précieux.

(1) Le pays où Bouygu