Le Caire de notre correspondante
«On nous parle de liberté et on nous interdit de porter le niqab ? Et c'est nous qu'on accuse d'être radicales ? Nous ne gênons personne !» Reem Suleyman est furieuse. Il y a cinq ans, cette mère de famille cairote, autrefois pieuse mais sans excès, a choisi de devenir monaqqabate, c'est-à-dire de cacher intégralement son visage et ses cheveux sous un tissu noir, doublé d'une voilette qui ne laisse même pas deviner son regard. Quand elle sort, elle cache aussi ses mains avec des gants sombres et drape son corps dans une abaya assortie.
Polémique. Le débat sur le voile facial qui agite la Grande-Bretagne l'irrite. Mais que l'Egypte lui emboîte le pas la révulse. Il y a deux semaines, le président de l'université de Helwan, au sud du Caire, a en effet déclenché la polémique en excluant les monaqqabates de la résidence universitaire, au nom de la sécurité. Près de la moitié des 700 étudiantes logées à Helwan sont en effet monaqqabates et, selon ce responsable, s'assurer individuellement de leur identité devient ingérable. Sa décision a été soutenue par le ministre de l'Education supérieure et par le cheikh de la mosquée d'Al-Azhar, Mohammed al-Tantawi, qui a évacué le problème en jugeant que, seul le port du hijab (voile simple) étant obligatoire, les monaqqabates ne commettaient pas un péché en enlevant leur niqab.
Plusieurs centaines d'étudiantes ont alors manifesté sur le campus, s'attirant un commentaire sans