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Libération
Interview

«Lula a divisé l'Amérique latine»

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publié le 26 octobre 2006 à 23h50

São Paulo de notre correspondante

Fernando Henrique Cardoso a été président du Brésil de 1995 à 2003. Professeur à Nanterre en 1968, ce sociologue de renom a été élu, puis réélu grâce au Plan Real, qui a vaincu l'hyperinflation et réduit la pauvreté. Son second mandat a été néanmoins marqué par la hausse du chômage qui a ouvert la voie à l'élection de Lula, leader du Parti des travailleurs (PT, centre gauche). Le candidat de sa formation, le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB, centre), Geraldo Alckmin, préféré des milieux d'affaires, affrontera Lula au second tour de la présidentielle, le 29 octobre. Les sondages créditent le chef de l'Etat de 58 % des intentions de vote, contre 37 % pour Alckmin.

Les démunis préfèrent Lula à Alckmin. Le Brésil est-il divisé ?

Il n'y a pas de division entre riches et pauvres mais entre un Brésil arriéré et un autre plus moderne. Le premier a davantage besoin de l'Etat, incarné par Lula, que le second. Dans le Nord et le Nordeste (régions les moins développées du pays), riches et pauvres ont voté Lula. Et le système financier pariait sur lui, pas sur Alckmin. Lula ne menace pas les intérêts des banquiers, au contraire. Il est à la fois le père des pauvres et la mère des riches. S'il perd, il n'y aura pas de tensions sociales. Le PT n'a plus la capacité de mobilisation qu'il avait auparavant, et le PSDB est favorable à la réforme agraire et aux aides sociales (somme que l'Etat verse chaque mois aux pauvres). C'est d'ailleurs moi qui