Kinshasa de notre correspondante
Patrick Palata, rédacteur en chef à la télévision congolaise CCTV, est du genre ponctuel. Pourtant, ce matin, il est en retard. Il s'est fait arrêter sur le chemin par le «roulage», la police de la circulation de Kinshasa. «Quelqu'un leur a dit que j'étais le journaliste du Président, ils ont fini par me laisser», raconte-t-il. Palata, un homme de Joseph Kabila ? Pas du tout : CCTV appartient à Jean-Pierre Bemba, adversaire de Joseph Kabila au second tour de la présidentielle ce dimanche. Dans la capitale, l'homme est arrivé en tête, avec 40 % des voix. Alors, pour Patrick, le Président, désormais, c'est «Jean-Pierre».«S'il perd, c'est qu'il y aura eu tricherie, l'autre camp est prêt à tout», affirme-t-il.
A l'entrée de la télévision, il faut montrer patte blanche, militaires de la Monuc et membres de la garde spéciale de Bemba surveillent l'entrée. Le 18 juillet, un incendie s'est déclaré dans les locaux de CCTV, vraisemblablement de manière accidentelle. Le climat de suspicion en a été encore renforcé : le 20 août, lorsque Kinshasa avait été en quasi-guerre pendant trois jours à la suite de l'annonce des résultats, CCTV s'était retrouvée prise dans les tirs croisés de la garde présidentielle et des hommes de Bemba. Depuis, Patrick Palata a déménagé. «Des gens me suivaient jusqu'à chez moi, je recevais des textos me menaçant de mort...»
«Congolité». Très controversée, la chaîne a été assignée plusieurs fois par la H