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Interview

Philippe Portier : «Un mouvement plus divers qu'on ne le croit»

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Religion. Philippe Portier, professeur à l'université Rennes-I, sur les traditionalistes français:
publié le 4 novembre 2006 à 23h58

Philippe Portier est professeur à l'université Rennes-I, auteur de la Pensée de Jean Paul II (1). Il analyse la composition de la mouvance traditionaliste française et les raisons de la main tendue par Benoît XVI aux intégristes.

Que pèse la mouvance traditionaliste ?

Elle se situe aux alentours de 200 000 personnes à travers le monde, 80 000 en France dont la moitié se reconnaît dans la Fraternité Saint-Pie-X. Elle reste cependant un mouvement massivement français, puisant ses racines dans la mouvance nationale-catholique inspirée par l'Action française de Charles Maurras [d'extrême droite et antisémite, ndlr]. Cette filiation explique qu'une part significative de ces catholiques, un gros tiers, se retrouvent du côté du Front national. Sans qu'il y ait cependant superposition parfaite : une autre partie marque une préférence pour le mouvement de Villiers ou même pour l'UMP.

Les traditionalistes recrutent-ils toujours dans l'armée et la vieille noblesse française ?

Ce mouvement est socialement plus divers qu'on ne le croit. A côté des milieux aristocratiques, militaires, ou de la «bourgeoisie de tradition», on trouve des catégories plus populaires : agriculteurs, commerçants, artisans, et, à moindre titre, petits fonctionnaires. Ces milieux, dans leurs différences, adhèrent à une commune vision du monde : se sentant menacés par l'évolution sociale, ils trouvent dans les fraternités traditionalistes une protection contre la modernité et ses errements libéraux et «cosmopolitiques».

La peur de l'islam peut-elle renforcer ce courant ?

Héritage de l'Action française, le monde traditionaliste cultive une vision substantialiste de la nation : la