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«S'afficher comme croyante dans un monde qui ne l'est pas»

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publié le 4 novembre 2006 à 23h58

Leicester envoyée spéciale

Elle avait 17 ans. Ce jour-là, elle s'est préparée pour le lycée, a embrassé ses parents. Et, au coin de la rue, a enfilé un voile noir confectionné en secret dans sa chambre. C'est ainsi que Sumeya a troqué le hijab, une simple étoffe couvrant les cheveux, pour le niqab, un voile ne laissant apparaître que les yeux. Depuis, elle ne l'a plus quitté. Malgré le fou rire de ses parents à la sortie du lycée. Malgré le cri de sa grand-mère : «Qui t'épousera maintenant ?»

Aujourd'hui, Sumeya a 31 ans, un regard rieur dans un cadre noir. Dans sa maison de Leicester, une ville plantée au coeur des Midlands, elle raconte : «Certaines femmes ne peuvent pas affronter le monde sans maquillage. Moi, le niqab est mon bouclier. Il m'attire le respect et, en m'affichant comme musulmane, il m'impose d'être exemplaire dans mon comportement.»

Sévérité. Née de parents anglais aux origines tiraillées entre l'Inde et l'Afrique, Sumeya a quitté le Malawi pour la Grande-Bretagne à l'âge de 5 ans. Au pays, les femmes de son entourage préféraient les vêtements occidentaux à la sévérité du niqab. Pourtant, sur le sol anglais, elles se sont peu à peu couvertes. «Il s'agissait peut-être de s'afficher comme croyante dans un monde qui ne l'était pas. Porter le niqab signifiait aussi qu'on pouvait être musulmane dans cette communauté sans avoir à faire de compromis.»

Faire des compromis, c'est pourtant ce qui est aujourd'hui de