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Rakhmonov, ou l'emprise du petit électricien tadjik

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Le président sortant, quasi sûr d'être réélu à la tête du Tadjikistan, est un modèle d'opportunisme de l'ère soviétique. Corruption et despotisme n'altèrent pas le soutien que lui apportent la Russie, la Chine et les Etats-Unis, qui lui sont gr
par Lorraine MILLOT
publié le 6 novembre 2006 à 7h00

Le petit électricien devenu chef d’Etat, l’homme de la guerre devenu faiseur de paix, le communiste devenu pèlerin à La Mecque… Le parcours d’Emomali Rakhmonov, 54 ans, qui selon toutes probabilités devrait être réélu président du Tadjikistan, est celui de toutes les contorsions et métamorphoses.

Emomali Rakhmonov naît le 5 octobre 1952 à Dangara, au sud du Tadjikistan, région alors très défavorisée de la plus pauvre des républiques de l'URSS. Grâce à l'école soviétique, ce fils et petit-fils de paysans reçoit une formation d'électricien et commence sa carrière professionnelle dans une usine de beurre de sa région. Puis il part comme matelot dans la flotte soviétique qui l'emmène sur l'océan Pacifique. Revenu au pays en 1974, il reprend son travail à l'usine de beurre, mais s'engage aussi au parti communiste, seul moyen alors pour un jeune ambitieux d'améliorer son sort. De 1977 à 1982, il suit aussi, par correspondance, des études d'économie à l'université de Douchanbé. A 36 ans, son zèle est récompensé par une nomination au poste de directeur du sovkhoze Lénine (une ferme d'Etat) de sa région de Dangara. Le président tadjik a aujourd'hui fait disparaître de ses biographies officielles tout ce qui touche à ses services rendus au parti communiste et il fustige avec ardeur une «idéologie artificielle», «imposée de force à notre pays». Mais on peut déduire de son ascension qu'il fut d'abord un ardent serviteur de ce «régime autoritaire», qui lui permi