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Libération

Au Tadjikistan, une façade démocratique

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Le président Emomali Rakhmonov, au pouvoir depuis 1992, a été réélu avec «seulement» 79,3% des voix • Ses rivaux, parfaits inconnus, étaient surtout là pour qu'il ne dépasse pas les 90% et suscite l'ire de l'OSCE •
par L.M.
publié le 7 novembre 2006 à 7h00

Même les observateurs de l’OSCE, habitués à toutes les filouteries électorales, ont avoué leur « surprise » devant les résultats préliminaires de l’élection présidentielle tadjike annoncés ce mardi par la commission électorale : le président Emomali Rakhmonov, au pouvoir depuis 1992 et réélu en 1999 encore avec 97% des suffrages, n’a été crédité ce mardi «que» de 79,3% des voix. Ses quatre « rivaux », parfaits inconnus, qui ont fait campagne de concert, en assurant qu’ils sont loin d’être aussi dignes que Rakhmonov, ont obtenu chacun entre 2 et 6% des suffrages, réduisant d’autant le score du tenant du titre. « On peut se demander s’il n’y a pas eu des distorsions en faveur de ces candidats alternatifs » remarquait ce mardi le finlandais Kimmo Kiljunen, chef de la délégation de l’OSCE. Dans les 47 bureaux où se trouvaient des observateurs OSCE, représentant quelque 52.000 votants, Rakhmonov a obtenu une moyenne de 86% des suffrages, a constaté le chef de la mission internationale, soulignant que ces élections n’ont pas été véritablement « concurrentielles ». Ce moindre score « montre que notre société s’est démocratisée » assure Saïffoullo Safarov, analyste au service du parti présidentiel. «Nous avons besoin d’un système à plusieurs partis car notre but est la démocratie » explique-t-il, témoignant là d’un nouveau phénomène à l’œuvre aujourd’hui aussi en Russie et dans d’autres régimes autoritaires de l’ex-URSS : la création de partis et candidats alternatifs « maison »,