Kiev de notre correspondant
Cela fait maintenant dix mois que les assassins de Gueorgui Gongadze sont jugés à Kiev sans que l'on sache qui a commandité la mort de ce journaliste ukrainien. Le 2 novembre 2000, son corps était retrouvé dans une forêt près de la capitale, Kiev. Le fondateur et rédacteur en chef du journal en ligne Ukrainska Pravda enquêtait sur la corruption au sein du pouvoir, particulièrement dans l'entourage du président Leonid Koutchma.
Quelques jours avant sa disparition, Gongadze avait confié à ses amis qu'il se sentait menacé. Après la disparition, tous pensaient qu'il reviendrait. «Quand j'ai appris que son corps sans tête avait été découvert, je n'arrivais pas à y croire, se souvient Victoria Sioumar. C'était comme dans un film d'horreur.» Journaliste, Victoria était une collègue de Gongadze. Elle dirige aujourd'hui une ONG qui défend la liberté de la presse en Ukraine : «Tous les journalistes ukrainiens, particulièrement ceux qui connaissaient Gueorgui, ont vieilli de dix ans. Moi, je me suis renfermée et ma vision du monde a changé.»
Bandes sonores. Quelques mois plus tard, en 2001, un membre de la garde présidentielle de Leonid Koutchma révèle l'existence d'enregistrements secrets. Des bandes sonores où l'on entend le chef de l'Etat ordonner «que l'on jette dehors Gongadze, qu'on le livre aux Tchétchènes». Immédiatement, ces enregistrements font scandale. Plusieurs milliers d'Ukrainiens descendent dans la rue pour exi