Menu
Libération

Markus Wolf, mort d'un maître espion

Article réservé aux abonnés
L'ex-chef des services secrets de RDA avait formé un réseau de «taupes».
publié le 10 novembre 2006 à 0h02

Berlin de notre correspondante

Ironie du sort, c'est le jour anniversaire de la chute du mur ­ le 9 novembre 1989 ­ qu'il s'est éteint. Markus Wolf, l'ancien maître espion de l'ex-RDA, figure légendaire de la guerre froide, est décédé dans son sommeil à 83 ans, à Berlin. Né en 1923 dans une famille d'intellectuels juifs et communistes des environs de Stuttgart, le jeune Markus émigre avec son père dès l'arrivée des nazis au pouvoir, en 1933. Après un passage en France et en Suisse, il atterrit en Union soviétique, où il fréquente les meilleures écoles du régime. Se tenant à l'écart de toute politique active, la famille Wolf échappe aux purges de Staline entre 1936 et 1945. De cette période, Wolf conserve un passeport russe, le surnom de «Micha» et un solide réseau.

Agents infiltrés. Arrivé à Berlin en avril 1945 dans l'uniforme de l'armée Rouge, il est d'abord journaliste (il couvre notamment les procès de Nuremberg pour la radio est-allemande). Ensuite, «le parti m'a dit que je serais espion, alors je suis devenu espion», expliquera-t-il plus tard au sujet de la grande affaire de sa vie : la mise sur pied du plus performant réseau d'espionnage du bloc de l'Est, comptant 1 200 collaborateurs et près de 4 000 agents, infiltrés jusqu'au sommet de l'Etat ouest-allemand. «Ils auraient pu neutraliser en quarante-huit heures tous les systèmes de défense ouest-allemands en cas de Troisième Guerre mondiale», estime Wolf dans ses mémoires. Son plus gros coup est d'avoir u