Goz-Beïda (est du Tchad), envoyée spéciale
Au milieu des cendres encore fumantes de leurs cases, deux vieillards errent sans but. «Ça a commencé mercredi dernier vers 10 heures du matin, ils sont venus attaquer le village voisin, explique l'un d'entre eux. Nous nous sommes cachés, ils ont tiré et détruit nos cases.» Leur regard parcourt les décombres. «Il ne nous reste plus rien.» Depuis dix jours, tribus arabes et non arabes s'affrontent dans deux régions de l'est du Tchad, le Salamat et l'Ouaddaï. Le bilan provisoire fait état de près de 400 morts, des centaines de blessés et des milliers de déplacés. Dans cette partie du pays, ces conflits entre tribus ont toujours existé, notamment autour de l'accès aux pâturages et aux points d'eau. Mais sur place, aucun humanitaire n'est capable d'expliquer l'origine de cette explosion de violence, ni l'origine des équipements utilisés par les assaillants. Le gouvernement tchadien, lui, a accusé le Soudan d'exporter la crise du Darfour (lire ci-contre) à l'intérieur de ses frontières.
Kalachnikovs. «Ces scènes nous rappellent la crise du Darfour, explique Hélène Caux, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Tous les témoignages recueillis portent à croire qu'il s'agit d'attaques organisées et préméditées.» Celles-ci ont commencé à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Goz-Beïda et se sont déplacées de localités en localités vers le sud-est de la ville. Les vill