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Libération

Le Parlement colombien gangrené par l'extrême droite

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Trois parlementaires, proches des escadrons de la mort, sont recherchés.
publié le 14 novembre 2006 à 0h05

Bogotá de notre correspondant

Trois parlementaires colombiens fuient depuis jeudi la justice de leur pays, rattrapés par les révélations sur leurs liens sanglants avec les milices paramilitaires d'extrême droite. Les sénateurs Alvaro García et Jairo Merlano et le député Eric Morris sont accusés d'avoir participé à la création de ces escadrons de la mort, fédérés au sein des Autodéfenses unies de Colombie (AUC). Ils auraient aidé ces milices antiguérilla, intimement liées à la mafia de la drogue, à assurer leur emprise sur une région de la côte colombienne des Caraïbes, le Sucre.

Les Colombiens soupçonnaient depuis longtemps leur Parlement d'être gangrené par les AUC : en 2002, le chef des milices lui-même s'était vanté de contrôler un tiers des législateurs. Dans le Sucre, le groupe des hommes politiques aujourd'hui poursuivi a fait appel à eux dès 1997 pour financer ses campagnes et truquer les élections. «Il y a dix millions de pesos [3 000 euros] pour que vous fassiez un travail tout de suite», glisse, selon un témoin direct, le sénateur Alvaro García à un paramilitaire, après une journée électorale, pour abattre une scrutatrice trop honnête d'un bureau de vote. García, vieux baron de la politique locale, aurait coordonné avec de grands propriétaires terriens le massacre de douze paysans dans un hameau.

La terreur porte vite ses fruits : à San Onofre, par exemple, fief d'un chef narco-paramilitaire, personne n'ose se présenter face au candidat de la mafia en 20