Kinshasa de notre correspondante
Héritier est inquiet. Le jeune homme longiligne surveille la rue et rase les murs. Les vendeurs postés devant le restaurant où il traîne souvent disent ne plus trop le voir ces derniers temps. Depuis ce week-end, il se planque. Sans famille, Héritier, 24 ans, est un shegue (prononcer «chégué»), un enfant de la rue. Lui et ses amis ont été impliqués dans les troubles qui se sont déroulés devant la résidence de Jean-Pierre Bemba, samedi, et depuis ils sont dans le collimateur des autorités. Jean-Pierre Bemba, vice-président, a été opposé au président sortant, Joseph Kabila, lors du second tour de la présidentielle qui s'est déroulé le 29 octobre en république démocratique du Congo (RDC).
Raffle. A Kinshasa, majoritairement pro-Bemba, tout le monde retient son souffle en attendant les résultats, prévus officiellement le 19 novembre. Le 20 août dernier, lors de la publication des résultats du premier tour, des combats à l'arme lourde avaient opposé les miliciens des deux candidats. Samedi matin, les shegue ont jeté des pierres et lancé des cocktails Molotov. Très vite, la situation a dégénéré, les miliciens de Bemba ont ouvert le feu, selon eux pour riposter aux tirs des gardes de Kabila. Quatre personnes, dont deux civils, sont mortes. Le soir même, à 3 heures du matin, les autorités congolaises ont raflé 357 jeunes des rues, dont 87 mineurs. Parmi eux, il y avait 35 femmes et 3 bébés, selon la radio Okapi, financée par les Nations u