Moscou de notre correspondante
«Ils m'ont mis un masque à gaz sur le visage et ils coupaient l'arrivée d'air jusqu'à ce que j'étouffe. Plusieurs fois, ils m'ont envoyé des décharges électriques, qui projetaient ma tête d'avant en arrière. Une décharge a traversé ma langue, elle était toute gonflée et tombait de ma bouche...» Alors que la guerre est officiellement et depuis longtemps «achevée», l'organisation américaine Human Rights Watch vient à nouveau de recueillir une centaine de témoignages faisant état de tortures «systématiques» commises par les forces prorusses qui ont repris le contrôle de la République.
«Tuez-moi plutôt !» Sulim S., 29 ans, arrêté en mars 2006 par une dizaine d'hommes armés, et détenu à l'ORB-2 de Grozny, un centre de détention relevant du ministère russe de l'Intérieur, a ainsi confié à HRW : «Je leur disais : "Tuez-moi plutôt !" Mais ils me disaient : "Non, nous n'allons pas te tuer tout de suite, nous allons le faire lentement,et nous allons aussi déchiqueter ton frère" [...] Finalement, ils m'ont proposé de choisir entre trois crimes [dont il devrait s'accuser, ndlr] : une bombe dans un bus, l'assassinat de deux policiers ou l'assassinat d'une femme.»
A leur habitude, les autorités tchétchènes mises en place par Moscou ont réagi à ce rapport par le déni : «S'il y avait des tortures, nous parlerions nous-mêmes du problème et les parents des détenus en parleraient», a assuré le vice-Premier ministre d