Addis-Abeba correspondance
Sous le toit de tôle au fond d'une arrière-cour, aux tables du Jama Restaurant, les discussions vont bon train. Dans cette cantine populaire de «Little Mogadiscio», bercée par le son de la radio somalienne, on ne se retrouve pas pour parler politique mais plutôt des problèmes du quotidien : l'obtention d'un visa, l'augmentation du prix du sucre... Coincé entre les ambassades du Rwanda, du Congo-Brazzavile et de la Somalie, ce quartier d'Addis-Abeba abrite la majorité des 20 000 réfugiés somaliens de la capitale éthiopienne. Dans ses ruelles serrées, les vendeurs de khat se disputent le trottoir avec les dizaines de cafés où les Somaliens se retrouvent pour papoter.
«Légitimité». Il suffit de mentionner la situation politique dans le pays natal ou la menace d'une guerre entre l'Ethiopie et les islamistes somaliens pour que le débat s'échauffe. «Bien sûr que je soutiens le gouvernement de transition en Somalie», s'exclame Assan Ahmed en arabe somali, en donnant un coup de poing sur la table. «Ils ont été élus, ils ont une légitimité, les islamistes eux n'en ont pas», continue ce maçon de 65 ans. «Les tribunaux islamiques sont soutenus par Al-Qaeda. L'Ethiopie a raison d'avoir des troupes en Somalie, elle devrait même carrément attaquer et en finir avec eux», intervient un jeune à la table voisine, qui ne veut pas donner son nom. De fait, les supporters des tribunaux islamiques sont plus difficiles à trouver: pas étonnant, sachant q