Ce n'est pas le moindre paradoxe du scrutin congolais, sans précédent par son ampleur, ses contraintes logistiques et son coût, que l'incontestable vainqueur soit... moins légitime dans sa propre capitale qu'à l'époque où il n'était qu'un président par héritage. Certes, le jeune 35 ans Joseph Kabila a reçu l'onction du suffrage démocratique, qui lui faisait défaut depuis son arrivée météorique au pouvoir au lendemain de l'assassinat de son père, le 16 janvier 2001.
Divisions. Mais force est de reconnaître qu'il est désormais le président «démocratiquement élu» d'un pays plus divisé que jamais entre l'Est, qui a massivement voté pour lui, et l'Ouest, qui lui est largement hostile. A Kinshasa, la rebelle capitale de la RDC, Kabila a recueilli moins du tiers des suffrages, 3 % dans l'Equateur, fief de son rival Jean-Pierre Bemba et de son mentor, feu le maréchal Mobutu. Ce pays-continent reste plus fracturé que jamais, et la principale tâche de Joseph Kabila sera de le réunifier, après avoir contribué à sa pacification.
La campagne a jeté une lumière crue sur les difficultés de Kabila à «fendre l'armure», à s'adresser au petit peuple de Kinshasa et à s'exprimer en lingala, la langue dominante dans l'ouest du pays. Il est resté ce jeune homme secret et mutique, aussi bon tacticien que piètre tribun. Les élections n'ont pas levé le «mystère Kabila». Pas tant celui de ses origines ses opposants l'accusent d'être le fils d'un compagnon de Laurent-Désiré Kabila