Berlin de notre correspondante
Depuis dix-sept ans, Bethül, Turque de 30 ans, dépourvue de tout statut légal, et simplement «tolérée» par les autorités allemandes, ne savait pas de quoi le lendemain serait fait. Dix-sept ans qu'elle ne peut ni quitter l'Allemagne, sous peine de ne pouvoir y revenir, ni travailler. La situation de Bethül va peut-être enfin changer. Les ministres de l'Intérieur des seize Länder se sont mis d'accord hier sur les grandes lignes d'un texte visant à la régularisation de plusieurs dizaines de milliers de sans-papiers.
Statut bâtard. Arrivée d'Istanbul à l'âge de 13 ans, Bethül a passé quelques années sur les bancs de l'école, et appris au lendemain de ses 18 ans qu'elle allait devoir quitter l'Allemagne. Du fait de son jeune âge et du statut incertain qui l'attend en Turquie, elle n'était pas expulsable. En effet, sa famille fait partie de la minorité des alévis, assimilée aux Kurdes et, à ce titre, «menacée» selon les associations de défense des droits de l'homme. Son statut bâtard ne lui donne ni permis de travail ni aide sociale. Bethül dépend entièrement de sa famille. Le seul moyen pour elle d'obtenir un permis de séjour serait le mariage.
L'accord des Länder prévoit que les étrangers «tolérés» seront désormais tous autorisés à travailler. Ceux qui vivent en Allemagne depuis huit ans (six ans pour les familles) et ne sont pas connus des services de police obtiendront immédiatement un permis de séjour de deux ans renouvelable, à condition d