Déjà en bisbille avec l'Allemagne, la Pologne est aujourd'hui en querelle avec son autre grand voisin, la Russie, plongeant chaque jour un peu plus dans l'embarras une Union européenne toujours prête à faire des concessions au Kremlin en raison de ses intérêts énergétiques. A l'origine de la dispute qui menace de faire capoter le sommet Russie-UE, prévu le 24 novembre à Helsinki, on trouve l'embargo décrété en novembre 2005 par Moscou sur les importations polonaises de viande puis sur celles de fruits et légumes. La mesure a officiellement été prise pour raisons sanitaires, un argument qui sent le prétexte dans la bouche des maîtres d'un pays où la santé publique est la moindre des préoccupations.
Arme énergétique. Les embargos russes frappent surtout les pays de l'ex-URSS Géorgie, Ukraine ou Moldavie qui ont pris leurs distances avec l'ancien «grand frère» afin de les ramener dans le giron de Moscou. L'arme énergétique russe a aussi frappé cet été les Pays baltes, membres de l'UE depuis 2004. Et l'embargo contre la Pologne, qui a soutenu la Révolution orange de 2004 en Ukraine et les opposants au seul ami de Poutine dans la région, le dictateur biélorusse Loukachenko, en 2005, est dans la même ligne : une arme politique destinée à faire comprendre qui est le maître. Touchée, Varsovie a réclamé le soutien de Bruxelles, qui n'a pu lui donner qu'un appui de principe. Non membre de l'OMC, la Russie a en effet le droit d'appliquer les critères sanitaires qu'elle définit elle-