Depuis le temps que diverses sources plus ou moins informées annonçaient la sortie imminente de «l'enquête Bruguière» sur l'attentat du 6 avril 1994, qui a joué le rôle de «déclencheur» du génocide au Rwanda, l'instruction confiée au célèbre juge français était devenue une Arlésienne. Ouverte en 1998 sur plainte des familles de l'équipage français de l'avion, mort dans l'attentat qui a coûté la vie à l'ancien président rwandais Juvénal Habyarimana, l'enquête de Jean-Louis Bruguière touche à sa fin. Selon nos informations, le juge antiterroriste a transmis une ordonnance de soit-communiqué vendredi soir au parquet. Le document de 64 pages est assorti de neuf demandes de mandats d'arrêt internationaux visant autant de personnalités, toutes plus ou moins proches de l'actuel chef de l'Etat rwandais, Paul Kagame, ancien chef du Front patriotique rwandais (FPR), un groupe rebelle d'obédience tutsi en lutte de 1990 à 1994 contre le régime hutu extrémiste du président Habyarimana.
Témoin clé. Les mandats d'arrêt, qui ont valeur de mise en examen, visent principalement des responsables rwandais, une personnalité ougandaise et une autre de nationalité inconnue. James Kabarebe, le chef d'état-major de l'armée rwandaise et proche collaborateur de Kagame, en ferait partie. Chose curieuse, Abdul Ruzibiza ne serait pas visé par les mandats d'arrêt : cet ancien infirmier et soldat, en rupture de ban du FPR, est l'un des témoins clés du juge Bruguière. Lors de ses auditions, puis dans un liv