Pékin de notre correspondante
Une voiture de police devant l'entrée, des vigiles en uniforme derrière presque chaque visiteur. Nous sommes à la grande exposition sur les droits de l'homme organisée pour la première fois en Chine par le Parti communiste. «C'est oppressant», chuchote une jeune visiteuse. Une femme âgée vêtue comme une paysanne rôde dans la salle, une lettre de doléances à la main. C'est une «plaignante», l'une des innombrables victimes d'expropriation ou d'escroquerie par les autorités provinciales, montée à la capitale en désespoir de cause. Sans doute a-t-elle été attirée par les lettres d'or qui signalent l'exposition sur le Palais des Minorités, à deux pas de la place Tiananmen. Erreur. Ici, tout n'est que bonheur, à l'image de la «société harmonieuse» célébrée par le parti lors du dernier plénum. Sur les panneaux, Mao, enfants, vieux, Tibétains, militaires, paysans, handicapés... tout le monde sourit. Le président Hu Jintao, en photo, est là pour rappeler : «L'homme est à la base de tout.»
«On ne se comprend pas entre Occidentaux et Chinois», prévient un guide spontané, aimable et anglophone, qui se révèle être un des organisateurs. «Nous n'avons pas la même culture : les droits de l'homme, chez vous, c'est toujours négatif. Nous voyons les choses de façon positive.» Exemple : «En France, les jeunes brûlent les voitures, il y a de la xénophobie. Cela n'existe pas chez nous, parce qu'il n'y a pas d'immigrés, nous