L’Union européenne peut-elle laisser son impétueux voisin russe traiter ses nouveaux membres comme des pays de seconde classe? C’est la question que la Pologne, frappée par un embargo russe plus politique qu’économique, a mis sur la table des fonctionnaires bruxellois en faisant capoter hier le sommet UE-Russie prévu vendredi à Helsinki (Finlande). Varsovie a en effet refusé de lever son veto au lancement de négociations avec Moscou pour un accord de partenariat.
En novembre 2005, Moscou a décidé d’interdire l'importations de viande polonaise (ainsi que de certains fruits et légumes) en mettant en avant des motifs sanitaires. Une attitude qui a tout du prétexte dans un pays peu soucieux de santé publique, où la pollution est omniprésente, la tuberculose et le sida en hausse constante, et où l’espérance de vie des hommes ne dépasse pas 60 ans. Bruxelles n’a pas réagi. On faisait remarquer que la Russie avait bien le droit de fixer ses propres normes sanitaires puisqu’elle n’était pas membre de l’Organisation mondiale du commerce.
Et nul ne s’offusquait du fait que Moscou appliquait à un pays membre de l’UE depuis 2004 les méthodes d’ordinaire réservées aux indociles ex-satellites ukrainien, géorgien ou moldave. Jadis préférés des consommateurs russes, les vins géorgiens et moldaves ont depuis plusieurs mois disparu de leurs tables, eux aussi victimes de la nouvelle politique sanitaire du Kremlin. La Géorgie et la Moldavie irritent l’ours russe depuis qu’ils louchent vers l’Otan