à Beyrouth
Ils l'ont applaudi, ils lui ont jeté des fleurs, du riz. Ils ont scandé son nom. Hier, des dizaines de milliers de Libanais ont répondu présent à l'appel de la majorité antisyrienne en descendant dans les rues de la capitale pour rendre un dernier hommage à Pierre Gemayel, le ministre de l'Industrie assassiné mardi dans la banlieue nord de Beyrouth.
Dès le début de la matinée, des habitants de tout le pays chrétiens, sunnites et druzes ont afflué vers le centre de la capitale, près de la cathédrale Saint-Georges, où le patriarche Nasrallah Sfeir, la plus haute autorité chrétienne du Liban, a célébré l'office. Pendant des heures, la foule a crié des slogans hostiles au régime syrien, soupçonné d'avoir commandité le meurtre, et conspué le président libanais Emile Lahoud, un proche de Damas.
A la tribune, les leaders de la révolution du Cèdre, le vaste mouvement populaire qui, au printemps 2005, a conduit au départ des troupes syriennes du Liban, ont ensuite affirmé qu'ils poursuivraient leur combat malgré les attentats. «Ils ne feront pas taire notre demande de vérité, de justice et d'un tribunal international [chargé de juger les meurtriers de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, ndlr]», a déclaré le leader druze Walid Joumblatt, protégé par une vitre pare-balles. «La seconde intifada de l'indépendance commence aujourd'hui et elle ne s'arrêtera pas tant que nous n'aurons pas obtenu gain de cause, a tonné Amine Gemayel, le père de Pierre.