Amsterdam de notre correspondante
Dick Pels, sociologue à Amsterdam, a écrit en 2003 un livre sur Pim Fortuyn, le leader de la droite populiste assassiné, et a publié, l'an dernier, un essai sur les failles de l'identité néerlandaise.
Pourquoi l'immigration n'a-t-elle pas été, cette fois, un thème de campagne ?
Les trois quarts du programme de Pim Fortuyn sur l'immigration et l'intégration ont été appliqués par le gouvernement sortant. Est-il allé trop loin, c'est la seule chose dont on discute encore. Du coup, l'intérêt s'est concentré sur les thèmes sociaux et économiques. Le débat entre social-démocratie et néolibéralisme est revenu au premier plan, pour le plus grand profit du Parti socialiste (SP) antilibéral.
Est-ce un signe de normalisation ?
Oui, bien que la fracassante entrée en scène de Fortuyn, en 2002, ait aussi été analysée comme une normalisation. Aux Pays-Bas, nous nous considérions comme une exception. Un îlot de paix dans un monde mauvais. Nous étions des moralistes, sans extrême droite, sans violence politique, un peu trop parfaits. Avec Fortuyn, nous nous sommes réveillés. Son meurtre, en mai 2002, et celui de Theo Van Gogh [le cinéaste assassiné fin 2004 par un jeune islamiste maroco-néerlandais, ndlr] ont écorné l'image que nous avions de nous-mêmes. La normalisation, aujourd'hui, tient au retour du classique clivage gauche-droite sur des enjeux sociaux, comme l'avenir de l'Etat-providence et le creusement des inégalités entre riches et pauvres.
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