Manama envoyée spéciale
Sur la route côtière de Manama, la brise de ce début d'automne a chassé l'intenable brasier estival. Côté terre, ce ne sont que grues, fers à béton et gratte-ciel étincelants presque achevés : Bahreïn, l'archipel aux 33 îles, pétromonarchie reconvertie en centre financier du Moyen-Orient, est un immense chantier. Vingt ans après avoir fini l'impressionnant pont autoroutier de plus de vingt kilomètres qui relie l'île à l'Arabie Saoudite voisine, un autre est en projet. Ce nouvel ouvrage, plus long encore, reliera cette fois-ci Bahreïn au Qatar. Un lien significatif : Bahreïn, qu'on se le dise, est arabe. N'en déplaise à l'Iran, ce voisin invisible de l'autre côté du Golfe et si insidieusement présent dans la marche du pays. Le chah, jadis, considérait ouvertement Bahreïn comme une terre iranienne. Chiites à près de 70 %, les Bahreïnis ont pourtant choisi par référendum, lors de leur indépendance en 1971, de faire allégeance au clan Al-Khalifa, lignée d'émirs arabes et sunnites.
Système sur mesure. Majorité chiite, dirigée par une minorité sunnite : la balance est délicate, et compliquée par le fait que le tiers restant de la population est immigrée. «On a un Etat sunnite qui préfère donner des emplois à des étrangers et qui exclut les chiites, alors que nous sommes les plus nombreux», s'emporte Lulwa, 25 ans, un voile noir drapé sur la tête. Cette secrétaire dans une des multiples banques internationales établies à Bahreïn ne votera pas samedi po