Yann Richard est professeur de l'Institut d'études iraniennes de la Sorbonne-Nouvelle-Paris-III. Il vient de publier l'Iran, naissance d'une république islamique (1).
L'Iran est-il en train de s'imposer comme la superpuissance régionale ?
L'Iran a des ambitions régionales, la question du nucléaire en est un signe évident. Mais, dans ses ambitions, l'Iran est entravé par deux choses : ce n'est pas un pays arabe et c'est un pays chiite, dans une région majoritairement sunnite. En outre, le régime iranien est encerclé par les Etats-Unis, il cherche donc des solutions pour acquérir un statut régional crédible. Il en a trouvé une pendant la guerre au Liban de cet été, où il est apparu, avec son allié le Hezbollah chiite, comme le champion de la cause palestinienne : Ahmadinejad est devenu populaire dans le monde arabe, dont les dirigeants sont incapables de s'opposer à Israël. Avec ce sommet, Téhéran prend une initiative doublement intéressante. D'une part, il réconcilie deux pays arabes [l'Irak et la Syrie, ndlr] qui ont beaucoup d'intérêts en commun : les voies de transport pétrolier, l'eau, la main-d'oeuvre... Tout le monde y gagne : l'Irak a besoin du contrôle de sa frontière et la Syrie de sortir de l'isolement. D'autre part, en faisant en sorte que son soutien soit motivé par son désir de trouver une solution à la crise intercommunautaire en Irak, l'Iran se donne le beau rôle. Si cette stratégie réussit, cela permettrait aux Etats-Unis d'envisager un retrait d'I