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Libération

Le dissident aveugle Chen Guangcheng face aux juges

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Connu pour avoir révélé une campagne d'avortements et stérilisations forcés dans l'est de la Chine, il est jugé en appel pour «trouble à l'ordre public».
publié le 27 novembre 2006 à 0h15

Pékin de notre correspondante

Le procès en appel d'un emblématique militant chinois devrait s'ouvrir aujourd'hui à Yinan, dans la province du Shandong. Aveugle depuis l'enfance, Chen Guangcheng, 35 ans, a été condamné en août à quatre ans et trois mois de prison pour troubles à l'ordre public et atteinte à la propriété privée. Une peine exorbitante compte tenu des faits : trois voitures renversées lors d'une petite manifestation.

Cette accusation n'est qu'un paravent : Chen, infatigable militant des droits de l'homme, a révélé une campagne d'avortement et de stérilisation forcés dans sa région. Quelque 10 000 femmes de sa province seraient concernées, certaines auraient été contraintes d'avorter à sept ou huit mois de grossesse pour améliorer les performances du planning familial et la carrière des politiques locaux. En Chine, pays de l'enfant unique depuis 1979, les dirigeants provinciaux sont en effet surtout notés sur leurs résultats en matière de natalité.

Arrêtée, affamée, battue. Lorsque la campagne a débuté, autour de la ville de Linyi, les victimes se sont aussitôt tournées vers Chen, l'aveugle aux lunettes de Ray Charles. C'est une célébrité dans sa province, encensé par les médias locaux jusqu'à l'affaire qui l'a envoyé derrière les barreaux. Dans les années 90, après des études de médecine traditionnelle, seule discipline accessible aux aveugles, Chen s'était tourné vers le droit, qu'il a appris en braille pour devenir l'avocat des pauvres sans titre ni droit d'accè