Malgré un physique peu engageant un grand rouquin ventru et binoclard , l'ultranationaliste Vojislav Seselj, dont le procès pour crimes contre l'humanité s'est ouvert hier à La Haye, a toujours été charismatique. Emprisonné depuis 2003, il dirige toujours ouvertement son Parti radical serbe (SRS), qui s'est imposé en 2002 comme le premier parti parlementaire en Serbie tout en restant à l'écart du pouvoir. Des posters à son effigie sont affichés dans Belgrade et ses sympathisants comptent jouer de son procès pour gagner des points aux législatives du 21 janvier. Selon les derniers sondages, le SRS pourrait remporter 30 % des voix, en baisse de 6 % par rapport à juillet dernier, mais un record quand même pour un parti d'extrême droite en Europe.
Incidents interethniques. Ses provocations et ses appels à la haine ont fait de lui un personnage de premier plan pendant les guerres en ex-Yougoslavie, surtout en Croatie et en Bosnie. C'est avec délectation qu'il avait menacé, en 1991, d'arracher les yeux des Croates avec des petites cuillères rouillées. Quelques semaines plus tôt, il paradait, kalachnikov à la main, dans l'est de la Croatie, où se multipliaient les incidents interethniques. Un an auparavant, Seselj n'avait qu'un passé de dissident. Né en 1954, ce jeune maître-assistant de Sarajevo avait été condamné en 1984 pour un texte manifestant son hostilité au communisme et réclamant des changements. Mais sa vision était déjà nationaliste. Hostile aux Albanais du Kosovo, il