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Libération

Bolivie : révolution agraire en marche

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Les Indiens soutiennent la loi du président Evo Morales sur la redistribution des terres.
par Bernard CORTEGGIANI
publié le 30 novembre 2006 à 0h18

La Paz de notre correspondant

«On veut la terre, merde !» scandent les marcheurs en tenues indigènes. Certains d'entre eux sont partis il y a un mois et ont déjà parcouru plus de 500 km à pied. Ils sont venus soutenir le président bolivien Evo Morales, qui a promulgué, mardi, une nouvelle loi agraire prévoyant la suppression des grandes propriétés foncières (latifundias) et la redistribution des terres aux pauvres.

Demi-échec. Venus de l'Est bolivien habité par des ethnies amazoniennes ­ Guaranis et Tupiguaranis ­, mais aussi des vallées centrales, des hauts plateaux et des montagnes, les Indiens se sont rassemblés peu avant midi sur la place San Francisco, à 500 m du palais présidentiel. Le texte promulgué réforme une première loi agraire datant de 1953. Dans la foulée de la révolution de 1952, celle-ci accordait des terres aux indigènes et aux paysans. Elle n'en a pas moins abouti à un demi-échec : des terres ont été distribuées aux communautés indigènes de l'Altiplano, mais elles étaient de faible rendement et de petite taille. En l'espace de deux générations, par l'effet de la transmission de père à fils, le minifundio est devenu par endroits «surcofundio» (aussi étroit qu'un surco, un sillon de charrue). Comme à Achacachi, un village au bord du lac Titicaca. «Voilà ce qu'il nous reste : des lambeaux», déplore Justinio de la Cruz, un paysan aymara, en montrant des bandes de terre de quatre mètres sur dix où poussent des tubercules.