Tehuipango (Etat de Veracruz) envoyée spéciale
Quand, sur le chemin, après des heures de route en lacet dont le bitume se dégrade au fil des kilomètres, après avoir passé d'innombrables villages, Tlilapan, Tequila, Tlaltenango, Tlaquipulca, Tzocualo, on demande enfin si Tehuipango est encore loin, un paysan dit : «Suivez la route jusqu'au bout, quand elle se transformera en chemin de terre, vous trouverez Tehuipango, après, il n'y a plus rien.» Tehuipango, dans l'Etat de Veracruz, connu pour ses puits de pétrole, est un lieu quasi oublié du Mexique. Perdu dans un paysage magnifique dominé par le pic de Orizaba, le volcan le plus haut du pays (5 700 m), dont la cime, à cette époque de l'année, est enneigée, la municipalité de 20 400 habitants a le triste privilège de figurer au bas de la liste du Programme des nations unies pour le développement (Pnud). Pour l'organisation internationale, l'indice de développement humain de Tehuipango, qui prend en compte non seulement le revenu par habitant mais également l'accès à l'eau potable, l'éducation ou la santé, est du niveau du Malawi, un des pays les plus pauvres d'Afrique.
Ici, dans cette région des montagnes de Zongolica, on est en pays nahua (un des quarante groupes ethniques du pays), et la plupart des indigènes, surtout les vieux, ne parlent que nahuatl. Tehuipango ne fait pas exception à la règle. Sur le chemin, on les croise en costume traditionnel, tirant un âne ployant sous des fagots de bois ou de méchants bidons de